Antigua-> Barbuda : T’y punch Regatta à 11 noeuds de Moyenne!
Mardi 22 mars 2016 – 9H du mat local, le petit déjeuner achevé, l’anémomètre annonce fièrement 12 noeuds. Le soleil est en position pour nous montrer les patates de corail sur la route, on se dit donc que si on veut aligner les30 miles pour Barbuda avant le repas du midi faudra pas trop trainer.
On réveille donc l’ancre en la sortant doucement du blanc immaculé, puis du bleu turquoise, pour quitter Nord Sound point avec un slalom attentif entre les récifs.
Arrivé en eaux saines, il est temps de sortir les voiles. D’emblée, Catapulte me remercie de lui avoir nettoyé un peu les coques la veille en partant tranquillement à 10/11 noeuds et ce malgré le premier ris que j’ai laissé en bon père de famille. Une bien belle journée commence…;-)
Le vent monte, Catapulte accélère et va jusqu’à chatouiller les 14 noeuds. La mer se forme un peu, quelques nuages sombres sont au loin….Allez pour la tranquillité (c.f article sur la tropicalisation…;-)) Murielle m’aide à ranger le génois et on sort la trinquette….. Bien sur le vent tombe!
Mais Catapulte continu de filer. Et quelques minutes plus tard alors que le GPS annonce 11/12 noeuds je philosophe en me disant que ce n’est pas encore aujourdh’ui qu’on va attraper une bonite (ça fait depuis la transat qu’on a rien sortit). Mais bon, comme j’ai un super giga mega top nouveau leurre fabriqué maison en Guadeloupe avec des plombs de 60G et un peu de temps devant je le tente quant même. Pleins d’espoirs je mets donc mon poulpe challenger à l’eau avec 60 G en tête de ligne…. pour 30 secondes plus tard le voir en train de faire du ski nautique…Arghhhh!!!
J’en suis à me dire que pour pêcher quelque chose il me faudrait trouver un poisson Olympique sachant nager à 12 noeuds et également voler quant, résigné je rentre regarder un peu la carto et l’AIS.
Tout à coup mon regard est attiré par un point qui étrangement ne reste pas scotché à l’écran (a cette vitesse, les bateaux à 6 noeuds semblent immobiles, ceux à 4 noeuds en marche arrière). Tient,cela doit être un bateau à moteur?!?
Un petit coup d’oeuil dehors pour constater au loin un mat. Bizzard! Retour à la table à carte intrigué et verdict : Baies du Monde 2!
Petite parenthèse pour présenter ici « Baies du Monde 2 » : Il s’agit du dernier TS 52.8 fabriqué. Les TS 52 étant les rares bateaux que Catapulte craint puisque encore plus affuté et tout simplement un des bateaux de croisière les plus rapides au monde si ce n’est le plus rapide dans cette taille. Pour l’histoire, le premier TS et le premier Absolu sont pratiquement frères car nés de la plume du même architecte (Christophe Barreau), fabriqués au même endroit (Marsaudon Composites) et mis à l’eau à quelques jours d’intervalle. Il ne devait même y avoir qu’un seul bateau mais lorsque Fancis Joyon (tout de même détenteur du record du tour du monde à la voile depuis 2008!) attiré par le projet, c’est penché sur le berceau, il a souhaité une version encore plus légère et moins aménagée que Catapulte. Le premier TS, qui faisait alors 50 pieds, est né et complètement vide s’amuse toujours à sortir du marin en passant devant saint Anne sur une coque. Puis « Baies du monde 1 » est arrivé.
Les années ont passées, le bateau s’est allongé un peu, tout en restant exemplaire sur le suivi du devis poids, le rendant mythique. Le dernier en date fabriqué est « Baies du monde 2 ».
Nous avions longuement hésité pour ce bateau extra-ordinaire, passé quelques jours en famille justement sur Baies du Monde II, ainsi que fait un convoyage express pour le salon du multi-coque de la Grande Motte avec Didier, son propriétaire.
Alors d’un coup, avoir ce bateau dans la même direction que nous, à quelques miles d’écart, forcément la balade s’est transformés en régate. Et, si, et si c’était en plus Didier à bord?
Ni une ni deux je remonte donc mon poulpe, range la canne à pêche et me concentre sur mes voiles. Un coup de jumelles : on tient la route. Mais Argh, ils sont grand voile haute et solent! Coup de VHF pour savoir si c’est Didier, pas de réponse. Par contre un coup d’analyse AIS et aucun doute : ils nous ont repérés, ont revu leurs réglages et ont encore gagné un noeud et demi! La partie commence! Retour en enfance avec jouets d’adultes, adrénaline au top!;-)
Retour aux réglages et gain d’un noeud aussi. J’hésite à vider les réservoirs d’eau et larguer le ris de la GV : Murielle fait les gros yeux! Un petit coup de Genois alors? bon ok, on reste sage. A fond, a fond…les penons au garde à vous, mais sage… 😉
En s’amusant et à cette vitesse le temps passe très vite et les miles défilent… jusqu’au moment magique où les deux bateaux entrent dans le bleu turquoise à l’approche de Barbuda. Quatorze noeuds de vent, Baies du Monde aux alentours de 13 noeuds, Catapulte entre 11,5 et 12. L’arrivée est magnifique!
Baies du monde logiquement devant, mais très fiers de Catapulte, nous arrivons au mouillage à quelques secondes pour découvrir dans la joie que Didier et son épouse sont bien à bord!
Vous imaginez la suite: on a refait la régate de l’autre bateau, rigolé sur le coup de l’idée du largage de l’eau sur Catapulte qu’il n’y avait déja plus sur Baies du monde, et puis l’heure de l’apéro est arrivée.
Une journée extra-ordinaire qui s’est achevée avec « Baies du monde II » et « Catapulte » se regardant respectueusement au mouillage, moins de 2m d’eau turquoise sous les coques, perdus au milieu d’un nul part qui s’appelle Spanish Point à Barbuda.
Ballot, on a tellement causé qu’on a oublié de faire la photo des deux bateaux!